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Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/257

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dissimulaient l’habillement différent et la crinière hideuse de l’homme.

Mais je ne pouvais demeurer plus longtemps sans devenir suspect, et je partis, le cœur broyé, après avoir laissé à l’aubergiste quelque argent pour adoucir l’existence de son valet.

Or, depuis six ans, je vis avec cette pensée, cette horrible incertitude, ce doute abominable. Et, chaque année, une force invincible me ramène à Pont-Labbé. Chaque année je me condamne à ce supplice de voir cette brute patauger dans son fumier, de m’imaginer qu’il me ressemble, de chercher, toujours en vain, à lui être secourable. Et chaque année je reviens ici, plus indécis, plus torturé, plus anxieux.

J’ai essayé de le faire instruire. Il est idiot sans ressource.

J’ai essayé de lui rendre la vie moins pénible. Il est irrémédiablement ivrogne