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Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/77

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trois choses que d’autres n’eussent point remarquées assurément, et qui sont entrées en moi comme de longues et minces piqûres inguérissables.

Vous ne comprendriez peut-être pas l’émotion qui m’est restée de ces rapides impressions. Je ne vous en dirai qu’une. Elle est très vieille, mais vive comme d’hier. Il se peut que mon imagination seule ait fait les frais de mon attendrissement.

J’ai cinquante ans. J’étais jeune alors et j’étudiais le droit. Un peu triste, un peu rêveur, imprégné d’une philosophie mélancolique, je n’aimais guère les cafés bruyants, les camarades braillards, ni les filles stupides. Je me levais tôt ; et une de mes plus chères voluptés était de me promener seul, vers huit heures du matin, dans la pépinière du Luxembourg.

Vous ne l’avez pas connue, vous autres, cette pépinière ? C’était comme un jardin