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Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/169

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bu ! C’est li qui m’a boissonné comma, çu manant ; c’est li, pour que je rentre point. J’ sieus-ti bu !

Et il reprenait :

— Dis-mé qui que c’était, Mélina, ou j’ vas faire quéque malheur.

Après avoir attendu de nouveau, il continuait, avec une logique lente et obstinée d’homme saoûl :

— C’est li qui m’a r’tenu chez ce fainéant de Paumelle ; et l’s autres soirs itou, pour que je rentre point. C’est quéque complice. Ah ! charogne !

Lentement il se mit sur les genoux. Une colère sourde le gagnait, se mêlant à la fermentation des boissons.

Il répéta :

— Dis-mé qui qu’ c’était, Mélina, ou j’ vas cogner, j’ te préviens !

Il était debout maintenant, frémissant d’une colère foudroyante, comme si l’alcool qu’il avait au corps se fût enflammé dans ses veines. Il fit un pas, heurta une chaise,