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Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/336

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La jeune femme ne parut ni s’étonner, ni s’émouvoir, et reprit :

— Non, vraiment, il y a des gens trop stupides, qui prétendent toujours tout savoir. Est-ce moi qui ai pris, l’année dernière, le train de Dieppe, au lieu de prendre celui du Havre, dis, est-ce moi ? Est-ce moi qui ai parié que M. Letourneur demeurait rue des Martyrs ?… Est-ce moi qui ne voulais pas croire que Céleste était une voleuse ?…

Et elle continuait avec furie, avec une vélocité de langue surprenante, accumulant les accusations les plus diverses, les plus inattendues et les plus accablantes, fournies par toutes les situations intimes de l’existence commune, reprochant à son mari tous ses actes, toutes ses idées, toutes ses allures, toutes ses tentatives, tous ses efforts, sa vie depuis leur mariage jusqu’à l’heure présente.

Il essayait de l’arrêter, de la calmer et bégayait :

— Mais, ma chère amie… c’est inutile… devant monsieur… Nous nous donnons en