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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/138

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fort comme la mort

minutes à la sculpture et s’excusait, essoufflé déjà. Il disait :

— Par ici, duchesse, par ici, nous commençons à droite.

Ils venaient de disparaître dans un remous de têtes, quand la comtesse de Guilleroy, tenant par le bras sa fille, entra, cherchant du regard Olivier Bertin.

Il les vit, les rejoignit, et, les saluant :

— Dieu, qu’elles sont jolies ! dit-il. Vrai, Nanette embellit beaucoup. En huit jours, elle a changé.

Il la regardait de son œil observateur. Il ajouta :

— Les lignes sont plus douces, plus fondues, le teint plus lumineux. Elle est déjà bien moins petite fille et bien plus Parisienne.

Mais soudain il revint à la grande affaire du jour.

— Commençons à droite, nous allons rejoindre la duchesse.

La comtesse, au courant de toutes les choses de la peinture et préoccupée comme un exposant, demanda :

— Que dit-on ?

— Beau salon. Le Bonnat remarquable, deux excellents Carolus Duran, un Puvis de Chavannes admirable, un Roll très étonnant, très neuf, un Gervex exquis, et beaucoup d’autres, des Béraud, des Cazin, des Duez, des tas de bonnes choses enfin.

— Et vous ? dit-elle.

— On me fait des compliments, mais je ne suis pas content.

― Vous n’êtes jamais content.

— Si, quelquefois. Mais aujourd’hui, vrai, je crois que j’ai raison.

— Pourquoi ?