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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/226

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fort comme la mort

— Mais… je ne sais trop… j’étais fatigué… et puis, pour être franc, cet imbécile m’énerve.

— Depuis quand ?

— Depuis toujours.

— Pardon, je vous ai entendu faire son éloge. Il vous plaisait autrefois. Soyez tout à fait sincère, Olivier.

Il réfléchit quelques instants, puis, cherchant ses mots :

— Oui, il est possible que la grande tendresse que j’ai pour vous me fasse assez aimer tous les vôtres pour modifier mon opinion sur ce niais, qu’il m’est indifférent de rencontrer, de temps en temps, mais que je serais fâché de voir chez vous presque chaque jour.

— La maison de ma fille ne sera pas la mienne. Mais cela suffit. Je connais la droiture de votre cœur. Je sais que vous réfléchirez beaucoup à ce que je viens de vous dire. Quand vous aurez réfléchi, vous comprendrez que je vous ai montré un gros danger, alors qu’il est encore temps d’y échapper. Et vous y prendrez garde. Parlons d’autre chose, voulez-vous ?

Il n’insista pas, mal à l’aise maintenant, ne sachant plus trop ce qu’il devait penser, ayant, en effet, besoin de réfléchir. Et il s’en alla, après un quart d’heure d’une conversation quelconque.