temps, le jetait en des
songeries qui semblaient la suite rêvée et plus précise
des mélodies. Le
chant des notes revenait, intermittent
et fugitif, apportant
des mesures isolées,
affaiblies, lointaines
comme un écho,
puis se taisait, semblait laisser la pensée donner un sens
aux motifs et voyager à la recherche
d’une sorte d’idéal harmonieux et tendre. Il tourna sur la gauche au
boulevard extérieur, en apercevant l’éclairage de
féerie du parc Monceau, et il entra dans l’allée centrale arrondie sous les lunes électriques. Un gardien
rôdait à pas lents ; parfois un fiacre attardé passait ; un
homme lisait un journal assis sur un banc dans un bain
bleuâtre de clarté vive, au pied du mât de bronze qui
portait un globe éclatant. D’autres foyers sur les pelouses, au milieu des arbres, répandaient dans les feuillages et sur les gazons leur lumière froide et puissante,
animaient d’une vie pâle ce grand jardin de ville.
Bertin, les mains derrière le dos, allait le long du trottoir, et il se souvenait de sa promenade avec Annette, en ce même parc, quand il avait reconnu dans sa bouche la voix de sa mère.
Il se laissa tomber sur un banc, et aspirant la sueur