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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/39

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fort comme la mort

rage, avocats politiques, financiers ou gens de cercle désœuvrés, l’amusaient un peu comme des acteurs ; et elle ne les prenait pas trop au sérieux, bien qu’elle estimât leurs fonctions, leurs places et leurs titres.

Le peintre lui plut d’abord par tout ce qu’il avait en lui de nouveau pour elle. Elle s’amusait beaucoup dans l’atelier, riait de tout son cœur, se sentait spirituelle, et lui savait gré de l’agrément qu’elle prenait aux séances. Il lui plaisait aussi parce qu’il était beau, fort et célèbre ; aucune femme, bien qu’elles prétendent, n’étant indifférente à la beauté physique et à la gloire. Flattée d’avoir été remarquée par cet expert, disposée à le juger fort bien à son tour, elle avait découvert chez lui une pensée alerte et cultivée, de la délicatesse, de la fantaisie, un vrai charme d’intelligence et une parole colorée, qui semblait éclairer ce qu’elle exprimait.

Une intimité rapide naquit entre eux, et la poignée de main qu’ils se donnaient quand elle entrait semblait mêler quelque chose de leur cœur un peu plus chaque jour.

Alors, sans aucun calcul, sans aucune détermination réfléchie, elle sentit croître en elle le désir naturel de le séduire, et y céda. Elle n’avait rien prévu, rien combiné ; elle fut seulement coquette, avec plus de grâce, comme on l’est par instinct envers un homme qui vous plaît davantage que les autres ; et elle mit dans toutes ses manières avec lui, dans ses regards et ses sourires, cette glu de séduction que répand autour d’elle la femme en qui s’éveille le besoin d’être aimée.

Elle lui disait des choses flatteuses qui signifiaient :

« Je vous trouve fort bien, Monsieur », et elle le fai-