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Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/16

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d’amour du dix-neuvième siècle. Elle demanda après un silence :

— Vous nous mènerez au vernissage, Annette et moi ?

— Je crois bien.

Alors, elle l’interrogea sur les meilleures toiles du prochain Salon, dont l’ouverture devait avoir lieu dans quinze jours.

Mais soudain, saisie peut-être par le souvenir d’une course oubliée :

— Allons, donnez-moi mon soulier. Je m’en vais.

Il jouait rêveusement avec la chaussure légère en la tournant et la retournant dans ses mains distraites.

Il se pencha, baisa le pied qui semblait flotter entre la robe et le tapis et qui ne remuait plus, un peu refroidi par l’air, puis il le chaussa ; et Mme de Guilleroy, s’étant levée, alla vers la table où traînaient des papiers, des lettres ouvertes, vieilles et récentes, à côté d’un encrier de peintre où l’encre ancienne était séchée. Elle regardait d’un œil curieux, touchait aux feuilles, les soulevait pour voir dessous.

Il dit en s’approchant d’elle :

— Vous allez déranger mon désordre.

Sans répondre, elle demanda :

— Quel est ce monsieur qui veut acheter vos Baigneuses ?