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Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/274

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Elle le ressaisit par les bras, et, les doigts crispés sur ses manches, le suppliant :

— Olivier ! avouez ! avouez ! j’aime mieux savoir, j’en suis certaine, mais j’aime mieux savoir ! J’aime mieux !… Oh ! vous ne comprenez pas ce qu’est devenue ma vie !

Il haussa les épaules.

— Que voulez-vous que j’y fasse ? Est-ce ma faute si vous perdez la tête ?

Elle le tenait, l’attirant vers l’autre salon, celui du fond, où on ne les entendrait pas. Elle le traînait par l’étoffe de sa jaquette, cramponnée à lui, haletante. Quand elle l’eut amené jusqu’au petit divan rond, elle le força à s’y laisser tomber, et puis s’assit auprès de lui.

— Olivier, mon ami, mon seul ami, je vous en prie, dites-moi que vous l’aimez. Je le sais, je le sens à tout ce que vous faites, je n’en puis douter, j’en meurs, mais je veux le savoir de votre bouche !

Comme il se débattait encore, elle s’affaissa à genoux contre ses pieds. Sa voix râlait.

— Oh ! mon ami, mon ami, mon seul ami, est-ce vrai que vous l’aimez ?

Il s’écria, en essayant de la relever :

— Mais non, mais non ! Je vous jure que non !

Elle tendit la main vers sa bouche et la colla dessus pour la fermer, balbutiant :

— Oh ! ne mentez pas. Je souffre trop !