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Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/276

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Ce fut lui alors qui ferma du bout de sa main cette bouche douloureuse, en disant :

— Encore ! Je vous en prie, n’en parlez plus. Je vous jure que vous vous trompez !

Elle répéta :

— Pourvu que vous m’aimiez un peu seulement, moi !

Il redit :

— Oui, je vous aime !

Puis ils demeurèrent longtemps sans parler, les mains dans les mains, très émus et très tristes.

Enfin, elle interrompit ce silence en murmurant :

— Oh ! les heures qui me restent à vivre ne seront pas gaies.

— Je m’efforcerai de vous les rendre douces.

L’ombre de ces ciels nuageux qui précède de deux heures le crépuscule se répandait dans le salon, les ensevelissait peu à peu sous le gris brumeux des soirs d’automne.

La pendule sonna.

— Il y a déjà longtemps que nous sommes ici, dit-elle. Vous devriez vous en aller, car on pourrait venir, et nous ne sommes pas calmes !

Il se leva, l’étreignit, baisant comme autrefois sa bouche entr’ouverte, puis ils retraversèrent les deux salons en se tenant le bras, comme des époux.

— Adieu, mon ami.