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Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/4

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brillants artistes mondains qu’on rencontre au bois, que les salons se disputent, que l’Institut accueille dès leur jeunesse. Il y était entré en conquérant avec l’approbation de la ville entière.

La fortune l’avait conduit ainsi jusqu’aux approches de la vieillesse, en le choyant et le caressant.

Donc, sous l’influence de la belle journée qu’il sentait épanouie au dehors, il cherchait un sujet poétique. Un peu engourdi d’ailleurs par sa cigarette et son déjeuner, il rêvassait, le regard en l’air, esquissant dans l’azur des figures rapides, des femmes gracieuses dans une allée du bois ou sur le trottoir d’une rue, des amoureux au bord de l’eau, toutes les fantaisies galantes où se complaisait sa pensée. Les images changeantes se dessinaient au ciel, vagues et mobiles dans l’hallucination colorée de son œil ; et les hirondelles qui rayaient l’espace d’un vol incessant de flèches lancées semblaient vouloir les effacer en les biffant comme des traits de plume.

Il ne trouvait rien ! Toutes les figures entrevues ressemblaient à quelque chose qu’il avait fait déjà, toutes les femmes apparues étaient les filles ou les sœurs de celles qu’avait enfantées son caprice d’artiste ; et la crainte encore confuse, dont il était obsédé depuis un an, d’être vidé, d’avoir fait le tour de ses sujets, d’avoir tari son inspiration, se précisait devant cette revue de son œuvre, devant cette