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Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/6

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son œil noir sous d’épais sourcils gris. Sa moustache forte, une moustache de vieux soldat, était demeurée presque brune et donnait à sa figure un rare caractère d’énergie et de fierté.

Debout devant la glace, les talons unis, le corps droit, il faisait décrire aux deux boules de fonte tous les mouvements ordonnés, au bout de son bras musculeux, dont il suivait d’un regard complaisant l’effort tranquille et puissant.

Mais soudain, au fond du miroir où se reflétait l’atelier tout entier, il vit remuer une portière, puis une tête de femme parut, rien qu’une tête qui regardait. Une voix, derrière lui, demanda :

— On est ici ?

Il répondit : — Présent — en se retournant. Puis jetant son haltère sur le tapis, il courut vers la porte avec une souplesse un peu forcée.

Une femme entrait, en toilette claire. Quand ils se furent serré la main :

— Vous vous exerciez, dit-elle.

— Oui, dit-il, je faisais le paon, et je me suis laissé surprendre.

Elle rit et reprit :

— La loge de votre concierge était vide et, comme je vous sais toujours seul à cette heure-ci, je suis entrée sans me faire annoncer.

Il la regardait.

— Bigre ! comme vous êtes belle. Quel chic !