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Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/89

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qu’il jugeât son visage plus original qu’autrefois, il commençait à s’attrister du poids de ses joues et des plissures de sa peau.

Une porte s’ouvrit derrière lui.

— Bonjour, Monsieur Bertin, disait Annette.

— Bonjour, petite, tu vas bien ?

— Très bien, et vous ?

— Comment, tu ne me tutoies pas, décidément.

— Non, vrai, ça me gêne.

— Allons donc !

— Oui, ça me gêne. Vous m’intimidez.

— Pourquoi ça ?

— Parce que… parce que vous n’êtes ni assez jeune ni assez vieux !…

Le peintre se mit à rire.

— Devant cette raison, je n’insiste point.

Elle rougit tout à coup, jusqu’à la peau blanche où poussent les premiers cheveux, et reprit, confuse :

— Maman m’a chargée de vous dire qu’elle descendait tout de suite, et de vous demander si vous vouliez venir au bois de Boulogne avec nous.

— Oui, certainement. Vous êtes seules ?

— Non, avec la duchesse de Mortemain.

— Très bien, j’en suis.

— Alors, vous permettez que j’aille mettre mon chapeau ?

— Va, mon enfant !