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Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/209

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histoires auxquelles on prête une attention bienveillante et courte, et qui ne laissent dans l’esprit qu’une marque presque imperceptible.

Il y avait de l’amour là-dedans. J’en retrouvais la sensation particulière au fond de ma mémoire, mais rien de plus, sensation comparable au fumet que sème pour le nez d’un chien le pied d’un gibier sur le sol.

Peu à peu, cependant, les ombres s’éclaircirent et une figure de jeune fille surgit devant mes yeux. Puis son nom éclata dans ma tête comme un pétard qui s’allume : Mlle de Mandal. Je me rappelais tout, maintenant. C’était, en effet, une histoire d’amour, mais banale. Cette jeune fille aimait ce jeune homme, lorsque je l’avais rencontré, et on parlait de leur prochain mariage. Il paraissait lui-même très épris, très heureux.

Je levai les yeux vers le filet où tous les paquets apportés par le domestique de mon voisin tremblotaient aux secousses du train, et la voix du serviteur me revint comme s’il finissait à peine de parler.

Il avait dit :

— Voilà, monsieur, c’est tout. Il y en a cinq : les bonbons, la poupée, le tambour, le fusil et le pâté de foies gras.