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Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/282

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C’était un petit banc de bois à moitié pourri planté au détour de l’allée pour les promeneurs du dimanche. Chaque fois qu’on venait de ce côté, Alexandre avait coutume de souffler quelques minutes sur ce siège.

Il s’y assit et prenant dans ses deux mains, avec un geste familier et plein d’orgueil, sa belle barbe blanche ouverte en éventail, il la serra puis la fit glisser en fermant les doigts jusqu’à la pointe qu’il retint quelques instants sur le creux de son estomac comme pour l’y fixer et constater une fois de plus la grande longueur de cette végétation.

Mme Maramballe reprit :

"Moi, je l’ai épousé ; il est juste et naturel que je supporte ses injustices, mais ce que je ne comprends pas, c’est que vous l’ayez enduré aussi, vous, mon brave Alexandre ! "

Il fit un mouvement vague des épaules et dit seulement :

"Oh ! moi… Madame."

Elle ajouta :

"En effet. J’y ai souvent pensé. Vous étiez son ordonnance quand je l’ai épousé et vous ne pouviez guère faire autrement que de le supporter. Mais depuis, pourquoi êtes-vous resté avec nous qui vous payons si peu et qui vous