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Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/206

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Mais Marie-Louise, étranglée par l’émotion, répéta : — « Grand’… grand’… grand’maman s’habille… elle va descendre. »

Il s’élança dans l’escalier follement, suivi de sa femme abasourdie ; mais devant la porte du second il s’arrêta, secoué par l’épouvante, n’osant pas entrer. Qu’allait-il voir ? — Mme Caravan, plus hardie, tourna la serrure et pénétra dans la chambre.

La pièce semblait devenue plus sombre ; et, au milieu, une grande forme maigre remuait. Elle était debout, la vieille ; et en s’éveillant du sommeil léthargique, avant même que la connaissance lui fût en plein revenue, se tournant de côté et se soulevant sur un coude, elle avait soufflé trois des bougies qui brûlaient près du lit mortuaire. Puis, reprenant des forces, elle s’était levée pour chercher ses hardes. Sa commode partie l’avait troublée d’abord, mais peu à peu elle avait retrouvé ses affaires tout au fond du coffre à bois, et s’était tranquillement habillée. Ayant ensuite vidé l’assiette remplie d’eau, replacé le buis derrière la glace et re-