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Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/301

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traient au cœur. Que faire ? Il le savait bien, mais ne le pouvait pas.

Il regardait fixement, sur la berge en face, un pêcheur à la ligne immobile.

Soudain le bonhomme enleva brusquement du fleuve un petit poisson d’argent qui frétillait au bout du fil. Puis il essaya de retirer son hameçon, le tordit, le tourna, mais en vain ; alors, pris d’impatience, il se mit à tirer, et tout le gosier saignant de la bête sortit avec un paquet d’entrailles. Et Paul frémit, déchiré lui-même jusqu’au cœur ; il lui sembla que cet hameçon c’était son amour et que, s’il fallait l’arracher, tout ce qu’il avait dans la poitrine sortirait ainsi au bout d’un fer recourbé, accroché au fond de lui, et dont Madeleine tenait le fil.

Une main se posa sur son épaule ; il eut un sursaut, se tourna ; sa maîtresse était à son côté. Ils ne se parlèrent pas ; et elle s’accouda comme lui à la balustrade, les yeux fixés sur la rivière.

Il cherchait ce qu’il devait dire, et ne trouvait rien. Il ne parvenait même pas à dé-