Aller au contenu

Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fus attendri jusqu’aux larmes, et je redoublai mes soins. Ils réussirent ; elle revint à elle. J’avais l’air très ému — je ne suis pas trop mal, je n’ai pas quarante ans. — Je compris à son premier regard qu’elle serait polie et reconnaissante. Elle le fut, avec d’autres larmes, et son histoire contée, sortie par fragments de sa poitrine haletante, la mort de l’officier tombé au Tonkin, au bout d’un an de mariage, après l’avoir épousée par amour, car, orpheline de père et de mère, elle avait tout juste la dot réglementaire.

Je la consolai, je la réconfortai, je la soulevai, je la relevai. Puis je lui dis :

— Ne restez pas ici. Venez.

Elle murmura :

— Je suis incapable de marcher.

— Je vais vous soutenir.

— Merci, monsieur, vous êtes bon. Vous veniez également ici pleurer un mort ?

— Oui, madame.

— Une morte ?

— Oui, madame.

— Votre femme ?