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Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/106

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boitelle

kakatoès prisonniers qui saluaient de leur huppe blanche ou jaune le rouge éclatant de sa culotte et le cuivre de son ceinturon. Quand il rencontrait un oiseau parleur, il lui posait des questions ; et si la bête se trouvait ce jour-là disposée à répondre et dialoguait avec lui, il emportait pour jusqu’au soir de la gaieté et du contentement. À regarder les singes aussi il se faisait des bosses de plaisir, et il n’imaginait point de plus grand luxe pour un homme riche que de posséder ces animaux ainsi qu’on a des chats et des chiens. Ce goût-là, ce goût de l’exotique, il l’avait dans le sang comme on a celui de la chasse, de la médecine ou de la prêtrise. Il ne pouvait s’empêcher, chaque fois que s’ouvraient les portes de la caserne, de s’en revenir au quai comme s’il s’était senti tiré par une envie.

Or une fois, s’étant arrêté presque en extase devant un araraca monstrueux qui gonflait ses plumes, s’inclinait, se redressait, semblait faire les révérences de cour du pays des perroquets, il vit s’ouvrir la porte d’un petit café attenant à la boutique du marchand d’oiseaux, et une jeune négresse, coiffée d’un foulard rouge, apparut, qui