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Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/170

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un soir

es heureux de vivre ici ! Quelles nuits tu dois passer sur cette terrasse ! Tu y couches ?

— Oui, j’y dors pendant l’été. Nous y monterons ce soir. Aimes-tu la pêche ?

— Quelle pêche ?

— La pêche au flambeau.

— Mais oui, je l’adore.

— Eh bien, nous irons, après dîner. Puis nous reviendrons prendre des sorbets sur mon toit.

Après que je me fus baigné, il me fit visiter la ravissante ville kabyle, une vraie cascade de maisons blanches dégringolant à la mer, puis nous rentrâmes comme le soir venait, et après un exquis dîner nous descendîmes vers le quai.

On ne voyait plus rien que les feux des rues et les étoiles, ces larges étoiles luisantes, scintillantes, du ciel d’Afrique.

Dans un coin du port, une barque attendait. Dès que nous fûmes dedans, un homme dont je n’avais point distingué le visage se mit à ramer pendant que mon ami préparait le brasier qu’il allumerait tout à l’heure. Il me dit :

— Tu sais, c’est moi qui manie la fouine. Personne n’est plus fort que moi.