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Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/188

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un soir

elle avec un abandon sans réserve, car je l’aimais. Elle était une part de ma vie, la plus grande et toute ma joie. Elle tenait dans ses petites mains ma pauvre âme captive, confiante et fidèle.

Pendant les premiers jours, ces premiers jours de doute et de détresse avant que le soupçon se précise et grandisse, je me sentis abattu et glacé comme lorsqu’une maladie couve en nous. J’avais froid sans cesse, vraiment froid, je ne mangeais plus, je ne dormais pas.

Pourquoi avait-elle menti ? Que faisait-elle dans cette maison ? J’y étais entré pour tâcher de découvrir quelque chose. Je n’avais rien trouvé. Le locataire du premier, un tapissier, m’avait renseigné sur tous ses voisins, sans que rien me jetât sur une piste. Au second habitait une sage-femme, au troisième une couturière et une manucure, dans les combles deux cochers avec leurs familles.

Pourquoi avait-elle menti ? Il lui aurait été si facile de me dire qu’elle venait de chez la couturière ou de chez la manucure. Oh ! quel désir j’ai eu de les interroger aussi ! Je ne l’ai pas fait de