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Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/218

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duchoux

Il avait perdu quelque argent, d’ailleurs, et son estomac, depuis quelque temps, le faisait souffrir, ne lui permettait plus de manger à son gré.

Il allait rentrer chez lui, et soudain la pensée de son grand appartement vide, du valet de pied dormant dans l’antichambre, du cabinet où l’eau tiédie pour la toilette du soir chantait doucement sur le réchaud à gaz, du lit large, antique et solennel comme une couche mortuaire, lui fit entrer jusqu’au fond du cœur, jusqu’au fond de la chair, un autre froid plus douloureux encore que celui de l’air glacé.

Depuis quelques années il sentait s’appesantir sur lui ce poids de la solitude qui écrase quelquefois les vieux garçons. Jadis, il était fort, alerte et gai, donnant tous ses jours au sport et toutes ses nuits aux fêtes. Maintenant, il s’alourdissait et ne prenait plus plaisir à grand’chose. Les exercices le fatiguaient, les soupers et même les dîners lui faisaient mal, les femmes l’ennuyaient autant qu’elles l’avaient autrefois amusé.

La monotonie des soirs pareils, des mêmes amis retrouvés au même lieu, au cercle, de la