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Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/224

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duchoux

imprégné, il le remit brusquement à terre en murmurant :

— Oh ! c’est l’enfant du jardinier.

Et il marcha vers la demeure.

Le linge séchait sur une corde devant la porte, chemises, serviettes, torchons, tabliers et draps, tandis qu’une garniture de chaussettes alignées sur des ficelles superposées emplissait une fenêtre entière, pareille aux étalages de saucisses devant les boutiques de charcutiers.

Le baron appela.

Une servante apparut, vraie servante du Midi, sale et dépeignée, dont les cheveux, par mèches, lui tombaient sur la face, dont la jupe, sous l’accumulation des taches qui l’avaient assombrie, gardait de sa couleur ancienne quelque chose de tapageur, un air de foire champêtre et de robe de saltimbanque.

Il demanda :

M. Duchoux est-il chez lui ?

Il avait donné, jadis, par plaisanterie de viveur sceptique, ce nom à l’enfant perdu afin qu’on n’ignorât point qu’il avait été trouvé sous un chou.

La servante répéta :