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Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/236

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le rendez-vous

deux petits bouquets baignant en deux mignons vases de Saxe sur la cheminée, se mêlait à une vague odeur de verveine soufflée sournoisement par la porte du cabinet de toilette demeurée entr’ouverte.

L’heure sonna — trois heures — et la mit debout. Elle se retourna pour regarder le cadran, puis sourit, songeant : — « Il m’attend déjà. Il va s’énerver ». Alors, elle sortit, prévint le valet de chambre qu’elle serait rentrée dans une heure au plus tard — un mensonge — descendit l’escalier et s’aventura dans la rue, à pied.

On était aux derniers jours de mai, à cette saison délicieuse où le printemps de la campagne semble faire le siège de Paris et le conquérir par-dessus les toits, envahir les maisons, à travers les murs, faire fleurir la ville, y répandre une gaieté sur la pierre des façades, l’asphalte des trottoirs et le pavé des chaussées, la baigner, la griser de sève comme un bois qui verdit.

Mme Hoggan fit quelques pas à droite avec l’intention de suivre, comme toujours, la rue de Provence où elle hélerait un fiacre, mais la douceur de l’air, cette émotion de l’été qui nous