Aller au contenu

Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
allouma

les bras, se retourna, ouvrit les yeux, me regarda, regarda Mohammed avec la même indifférence et s’assit. Puis elle murmura :

— J’ai faim, aujourd’hui.

— Que veux-tu manger ? demandai-je.

— Kahoua.

— Du café et du pain avec du beurre ?

— Oui.

Mohammed, debout près de notre couche, mes vêtements sur les bras, attendait les ordres.

— Apporte à déjeuner pour Allouma et pour moi, lui dis-je.

Et il sortit sans que sa figure révélât le moindre étonnement ou le moindre ennui.

Quand il fut parti, je demandai à la jeune Arabe :

— Veux-tu habiter dans ma maison ?

— Oui, je le veux bien.

— Je te donnerai un appartement pour toi seule et une femme pour te servir.

— Tu es généreux, et je te suis reconnaissante.

— Mais si ta conduite n’est pas bonne, je te chasserai d’ici.

— Je ferai ce que tu exigeras de moi.