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allouma

ce gueux. Pourquoi ? Parce qu’elle était Allouma, une fille du sable. Une autre, à Paris, fille du trottoir, aurait fui avec mon cocher ou avec un rôdeur de barrière.

— C’est bon, dis-je à Mohammed. Si elle est partie, tant pis pour elle. J’ai des lettres à écrire. Laisse-moi seul.

Il s’en alla, surpris de mon calme. Moi, je me levai, j’ouvris ma fenêtre et je mis à respirer par grands souffles qui m’entraient au fond de la poitrine, l’air étouffant venu du Sud, car le sirocco soufflait.

Puis je pensai : « Mon Dieu, c’est une… une femme, comme bien d’autres. Sait-on… sait-on ce qui les fait agir, ce qui les fait aimer, suivre ou lâcher un homme ? »