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LA RELIQUE.

en larmes qui m’assourdissaient ; j’opérai un moribond qui faillit trépasser entre mes mains ; je restai deux nuits près de lui ; puis, quand j’aperçus une chance de salut, je me fis conduire à la gare.

Or je m’étais trompé, j’avais une heure à perdre. J’errais par les rues en songeant encore à mon pauvre malade, quand un individu m’aborda.

Je ne sais pas l’allemand ; il ignorait le français ; enfin je compris qu’il me proposait des reliques. Le souvenir de Gilberte me traversa le cœur ; je connaissais sa dévotion fanatique. Voilà mon cadeau trouvé. Je suivis l’homme dans un magasin d’objets de sainteté, et je pris un « bétit morceau d’un os des once mille fierges ».

La prétendue relique était enfermée dans une charmante boîte en vieil argent qui décida mon choix.

Je mis l’objet dans ma poche et je montai dans mon wagon.