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Page:Maupassant - Miss Harriet - Ollendorff, 1907.djvu/138

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l’héritage

Il répondit tranquillement : « Nous ne nous battons pas ; la chose a été arrangée par les témoins. Maze m’a fait des excuses. »

Elle le dévisagea, outrée de mépris : « Ah ! on m’a insultée devant toi, et tu as laissé dire, et tu ne te bats point ! Il ne te manquait plus que d’être un poltron ! »

Il se révolta : « Je t’ordonne de te taire. Je sais mieux que toi ce qui regarde mon honneur. D’ailleurs, voici la lettre de M. Maze. Tiens, lis, et tu verras. »

Elle prit le papier, parcourut, le devina tout, et ricanant :

« Toi aussi tu as écrit une lettre ? Vous avez eu peur l’un de l’autre. Oh ! que les hommes sont lâches ! Si nous étions à votre place, nous autres… Enfin, là dedans, c’est moi qui ai été insultée, Moi, ta femme, et tu te contentes de cela ! Ça ne m’étonne plus si tu n’es pas capable d’avoir un enfant. Tout se tient. Tu es aussi… mollasse devant les femmes que devant les hommes. Ah ! j’ai pris là un joli coco ! »

Elle avait trouvé soudain la voix et les gestes de Cachelin, des gestes canailles de vieux troupier et des intonations d’homme.

Debout devant lui, les mains sur les hanches, haute, forte, vigoureuse, la poitrine ronde, la face rouge, la voix profonde et vibrante, le sang colorant ses joues fraiches de belle fille, elle