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Page:Maupassant - Miss Harriet - Ollendorff, 1907.djvu/159

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l’héritage

mouvement, d’un même rythme, comme deux êtres créés pour aller côte à côte dans la vie. Ils parlaient à mi-voix, car ils s’entendaient à merveille, en riant d’un rire étouffé ; et parfois la jeune femme se retournait pour jeter derrière elle un coup d’œil sur son père et son mari.

Cachelin les couvrait d’un regard bienveillant, et souvent, sans songer qu’il parlait à son gendre, il déclarait : « Ils ont bonne tournure tout de même, ça fait plaisir de les voir ensemble. » Lesable répondait tranquillement : « Ils sont presque de la même taille », et heureux de sentir que son cœur battait moins fort, qu’il soufflait moins en marchant vite et qu’il était en tout plus gaillard, il laissait s’évanouir peu à peu sa rancune contre son beau-père dont les quolibets méchants avaient d’ailleurs cessé depuis quelque temps.

Au jour de l’an il fut nommé commis principal. Il en éprouva une joie si véhémente, qu’il embrassa sa femme en rentrant, pour la première fois depuis six mois. Elle en parut tout interdite, gênée comme s’il eût fait une chose inconvenante ; et elle regarda Maze qui était venu pour lui présenter, à l’occasion du premier janvier, ses hommages et ses souhaits. Il eut l’air lui-même embarrassé et il se tourna vers la fenêtre, en homme qui ne veut pas voir.