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Page:Maupassant - Miss Harriet - Ollendorff, 1907.djvu/37

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miss harriet

deux personnes qui viennent de se comprendre et de se pénétrer.

C’était un soir tiède, amolli, un de ces soirs de bien-être où la chair et l’esprit sont heureux. Tout est jouissance et tout est charme. L’air tiède, embaumé, plein de senteurs d’herbes et de senteurs d’algues, caresse l’odorat de son parfum sauvage, caresse le palais de sa saveur marine, caresse l’esprit de sa douceur pénétrante. Nous allions maintenant au bord de l’abîme, au-dessus de la vaste mer qui roulait, à cent mètres sous nous, ses petits flots. Et nous buvions, la bouche ouverte et la poitrine dilatée, ce souffle frais qui avait passé l’Océan et qui nous glissait sur la peau, lent et salé par le long baiser des vagues.

Serrée dans son châle à carreaux, l’air inspiré, les dents au vent, l’Anglaise regardait l’énorme soleil s’abaisser vers la mer. Devant nous, là-bas, à la limite de la vue, un trois-mâts
couvert de voiles dessinait sa silhouette sur le ciel enflammé, et un vapeur,