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Page:Maupassant - Miss Harriet - Ollendorff, 1907.djvu/65

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l’héritage

venez ici voir lever l’aurore, j’en fais autant, bien que je déplore votre empressement. De là à appeler le chef « cher maître », comme fait Lesable, et à partir à six heures et demie, et à emporter de la besogne à domicile, il y a loin. D’ailleurs, moi, je suis du monde, et j’ai d’autres obligations qui me prennent du temps. »

M. Cachelin avait cessé d’enregistrer et il demeurait songeur, le regard perdu devant lui. Enfin il demanda : « Croyez-vous qu’il ait encore son avancement cette année ? »

Pitolet s’écria : « Je te crois, qu’il l’aura, et plutôt dix fois qu’une. Il n’est pas roublard pour rien. »

Et on parla de l’éternelle question des avancements et des gratifications qui, depuis un mois, affolait cette grande ruche de bureaucrates, du rez-de-chaussée jusqu’au toit.

On supputait les chances, on supposait les chiffres, on balançait les titres, on s’indignait d’avance des injustices prévues. On recommençait sans fin des discussions soutenues la veille et qui devaient revenir invariablement le lendemain avec les mêmes raisons, les mêmes arguments et les mêmes mots.

Un nouveau commis entra, petit, pâle, l’air malade, M. Boissel, qui vivait comme dans un roman d’Alexandre Dumas père. Tout pour lui devenait aventure extraordinaire, et il racontait chaque