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Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/13

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C’était Limousin qui servait d’huile et de tampon entre Henriette et lui, qui le défendait, même vivement, même sévèrement, contre les reproches immérités, contre les scènes harcelantes, contre toutes les misères quotidiennes de son existence.

Mais voilà que, depuis bientôt six mois, Julie se permettait sans cesse sur sa maîtresse des remarques et des appréciations malveillantes. Elle la jugeait à tout moment, déclarait vingt fois par jour : « Si j’étais monsieur, c’est moi qui ne me laisserais pas mener comme ça par le nez. Enfin, enfin… Voilà… chacun suivant sa nature. »

Un jour même elle avait été insolente avec Henriette, qui s’était contentée de dire, le soir, à son mari : « Tu sais, à la première parole vive de cette fille, je la flanque dehors, moi. » Elle semblait cependant, elle qui ne craignait rien, redouter la vieille servante ; et Parent attribuait cette mansuétude à une considération pour la bonne qui l’avait élevé, et qui avait fermé les yeux de sa mère.