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Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/268

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Je lui dis : — Mais comment as-tu obtenu ton débit de tabac ?

Elle sourit : — Oh ! c’est toute une histoire. Figure-toi que j’avais dans mon hôtel, porte à porte, un étudiant en droit, mais, tu sais, un de ces étudiants qui ne font rien. Celui-là, il vivait au café, du matin au soir ; et il aimait le billard, comme je n’ai jamais vu aimer personne.

Quand j’étais seule, nous passions la soirée ensemble quelquefois. C’est de lui que j’ai eu Roger.

— Qui ça, Roger ?

— Mon fils.

— Ah !

— Il me donna une petite pension pour élever le gosse, mais je pensais bien que ce garçon-là ne me rapporterait rien, d’autant plus que je n’ai jamais vu un homme aussi fainéant, mais là, jamais. Au bout de dix ans, il en était encore à son premier examen. Quand sa famille vit qu’on n’en pourrait rien tirer, elle le rappela chez elle en province ; mais nous étions