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Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/325

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Luc épluchait une baguette. Jean portait le litre vide. Il le déposa chez le marchand de vin de Bezons. Puis ils s’engagèrent sur le pont, et, comme chaque dimanche, ils s’arrêtèrent au milieu, afin de regarder couler l’eau quelques instants.

Jean se penchait, se penchait de plus en plus sur la balustrade de fer, comme s’il avait vu dans le courant quelque chose qui l’attirait. Luc lui dit : « C’est-il que tu veux y boire un coup ? » Comme il prononçait le dernier mot, la tête de Jean emporta le reste, les jambes enlevées décrivirent un cercle en l’air, et le petit soldat bleu et rouge tomba d’un bloc, entra et disparut dans l’eau.

Luc, la gorge paralysée d’angoisse, essayait en vain de crier. Il vit plus loin quelque chose remuer ; puis la tête de son camarade surgit à la surface du fleuve, pour y rentrer aussitôt.

Plus loin encore, il aperçut, de nouveau, une main, une seule main qui sortit de la rivière, et y replongea. Ce fut tout.