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Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/43

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ne pourrait plus le voir sans endurer l’épouvantable souffrance de ce doute, sans se sentir déchiré jusqu’aux entrailles, sans être torturé jusqu’aux moelles de ses os. Il lui faudrait vivre ici, rester dans cette maison, à côté de cet enfant qu’il aimerait et haïrait ! Oui, il finirait par le haïr assurément. Quel supplice ! Oh ! s’il était certain que Limousin fût le père, peut-être arriverait-il à se calmer, à s’endormir dans son malheur, dans sa douleur ? Mais ne pas savoir était intolérable !

Ne pas savoir, chercher toujours, souffrir toujours, et embrasser cet enfant à tout moment, l’enfant d’un autre, le promener dans la ville, le porter dans ses bras, sentir la caresse de ses fins cheveux sous les lèvres, l’adorer et penser sans cesse : « Il n’est pas à moi, peut-être ? » Ne vaudrait-il pas mieux ne plus le voir, l’abandonner, le perdre dans les rues, ou se sauver soi-même très loin, si loin, qu’il n’entendrait plus jamais parler de rien, jamais !