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Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/82

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peuplé, peuplé par tous les riens qui font la vie agréable, par toutes les douceurs de l’affection, par toutes les paroles tendres qu’on échange sans cesse, quand on s’aime. Ils avaient vécu ainsi, grâce à lui Parent, avec son argent, après l’avoir trompé, volé, perdu ! Ils l’avaient condamné, lui, l’innocent, le naïf, le débonnaire, à toutes les tristesses de la solitude, à l’abominable vie qu’il avait menée entre un trottoir et un comptoir, à toutes les tortures morales et à toutes les misères physiques ! Ils avaient fait de lui un être inutile, perdu, égaré dans le monde, un pauvre vieux sans joies possibles, sans attentes, qui n’espérait rien de rien et de personne. Pour lui la terre était vide, parce qu’il n’aimait rien sur la terre. Il pouvait courir les peuples ou courir les rues, entrer dans toutes les maisons de Paris, ouvrir toutes les chambres, il ne trouverait, derrière aucune porte, la figure cherchée, chérie, figure de femme ou figure d’enfant, qui sourit en vous apercevant. Et cette idée surtout le travaillait, l’idée de la porte