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Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/155

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tenait, à cet homme, corps et âme, de par la puissance d’un contrat. Était-ce possible ? — Oh ! comme elle se sentait seule et perdue ! Elle avait fermé les yeux pour regarder au dedans d’elle-même, au fond de sa pensée.

Et elle les voyait, à mesure qu’elle les évoquait, les figures de tous ceux qui vivaient auprès d’elle : son père insouciant et tranquille, heureux pourvu qu’on ne troublât point son repos ; son frère railleur et sceptique ; son mari remuant, plein de chiffres, et qui lui annonçait : « J’ai fait un joli coup, tantôt », quand il aurait pu lui dire : « Je t’aime ! »

Un autre le lui avait murmuré tout à l’heure, ce mot-là, qui vibrait encore dans son oreille et dans son cœur. Elle l’aperçut aussi, cet autre, la dévorant de son regard fixe ; et s’il eût été près d’elle en ce moment, elle se serait jetée dans ses bras !