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Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/187

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pour s’asseoir sous les arbres. Et les heures, l’une après l’autre s’en allaient, le soleil glissait sur les feuillages, s’inclinant vers les monts, le jour s’écoulait, Will ne se montrait pomt.

Tout à coup on l’aperçut. Il marchait vite, le chapeau à la main en s’épongeant le front, la cravate de côté, le gilet entr’ouvert, comme après un voyage, après une lutte, après un effort terrible et prolongé.

Dès qu’il vit son beau-père il s’écria :

— Victoire ! c’est fait ! mais quelle journée, mes amis ! Ah ! le vieux renard, m’en a-t-il donné du mal !

Et tout de suite il expliqua ses démarches et ses peines.

Le père Oriol s’était d’abord montré tellement déraisonnable qu’Andermatt, rompant les négociations, était parti. Puis on l’avait rappelé. Le paysan prétendait ne pas vendre ses terres, mais les apporter à la Société, avec le droit de les reprendre en cas d’insuccès. Il exigeait, en cas de succès, la moitié des bénéfices.

Le banquier avait dû démontrer avec des chiffres sur du papier, et des dessins pour simuler les pièces de terre, que l’ensemble des champs ne valait pas plus de quatre-vingt mille francs à l’heure actuelle, tandis que les