Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/239

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— Au galop ! cria le docteur. Et les bêtes factices, bondissant comme des vagues, chavirant comme des navires, fatiguèrent tellement les deux patients qu’ils se mirent à crier ensemble, d’une voix essoufflée et lamentable :

— Assez ! Assez ! je n’en puis plus ! Assez !

Le médecin commanda :

— Stop !

Puis ajouta :

— Soufflez un peu. Vous reprendrez dans cinq minutes.

Paul Brétigny, qui étouffait d’envie de rire, fit remarquer que les cavaliers n’avaient pas chaud, tandis que les tourneurs de manivelle étaient en sueur.

— Si vous intervertissiez les rôles, disait-il, cela ne vaudrait-il pas mieux ?

Le docteur répondit gravement :

— Oh ! pas du tout, mon cher. Il ne faut pas confondre exercice et fatigue. Le mouvement de l’homme qui tourne la roue est mauvais, tandis que le mouvement du marcheur ou de l’écuyer est excellent.

Mais Paul aperçut une selle de femme.

— Oui, dit le médecin, le soir est réservé aux dames. Les hommes ne sont plus admis après midi. Venez donc voir la natation sèche.