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Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/282

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ment, on arrivait à la question de santé, mais d’une façon indifférente comme si on eût touché à un fait-divers.

Car il n’était point, celui-là, à la dévotion du public. On ne le payait pas, on ne pouvait l’appeler chez soi, il appartenait à la duchesse, rien qu’à la duchesse. Cette situation même excitait les efforts, irritait les désirs. Et comme on affirmait tout bas que la duchesse était jalouse, très jalouse, ce fut entre toutes ces dames une lutte acharnée pour obtenir les conseils du joli docteur italien.

Il les donnait sans se faire trop prier.

Alors, entre les femmes qu’il avait favorisées de ses avis, commença le jeu des confidences intimes pour prouver sa sollicitude.

— Oh ! ma chère, il m’a fait des questions, mais des questions…

— Très indiscrètes ?

— Oh ! indiscrètes ! Dites effrayantes. Je ne savais absolument que répondre. Il voulait savoir des choses… mais des choses…

— C’est comme pour moi. Il m’a beaucoup interrogée sur mon mari !…

— Moi aussi… avec des détails… si… si personnels ! C’est fort gênant ces questions-là. Cependant on comprend bien que c’est nécessaire.

— Oh ! tout à fait. La santé dépend de