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Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/299

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tran de Ravenel allait épouser la petite Oriol.

Alors Gontran jugea le moment venu et prenant Andermatt par le bras, un matin, au sortir de table, il lui dit :

— Mon cher, le fer est chaud, battez-le ! Voici la situation bien exacte. La petite attend ma demande sans que je me sois avancé en rien, mais elle ne la repoussera pas, soyez-en sûr. C’est le père qu’il faut tâter de telle sorte que nous fassions en même temps vos affaires et les miennes.

Andermatt répondit :

— Soyez tranquille. Je m’en charge. Je vais le sonder aujourd’hui même, sans vous compromettre et sans vous avancer ; et quand la situation sera bien nette, je parlerai.

— Parfait.

Puis, après quelques instants de silence, Gontran reprit :

— Tenez, c’est peut-être ma dernière journée de garçon. Je vais à Royat où j’ai aperçu l’autre jour quelques connaissances. Je rentrerai dans la nuit et j’irai frapper à votre porte, pour savoir.

Il fit seller son cheval et s’en alla par la montagne, humant le vent pur et léger, et galopant par moments pour sentir la rapide caresse de l’air effleurer la peau fraîche de ses joues et chatouiller ses moustaches.