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Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/330

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MONT-ORIOL.

Christiane lui essuyait les joues avec son mouchoir, puis le passait aussi sur les siennes. Elle dit à Paul :

— Allez donc voir ce qu’ils font. On ne les aperçoit plus. Ils ont disparu sous les blocs de lave. Moi je vais garder cette petite et la consoler.

Brétigny s’était relevé et, la voix tremblante :

— J’y vais… et je les ramène, mais il aura affaire à moi… votre frère… aujourd’hui même… et il m’expliquera sa conduite inqualifiable après ce qu’il nous a dit l’autre jour.

Il se mit à descendre en courant vers le centre du cratère.

Gontran, entraînant Louise, l’avait lancée de toute sa force sur le rapide versant du grand trou, afin de la retenir, de la soutenir, de lui faire perdre haleine, de l’étourdir et de l’effrayer. Elle, emportée par son élan, essayait de l’arrêter, balbutiait :

— Oh ! pas si vite… je vais tomber… mais vous êtes fou… je vais tomber !…

Ils vinrent heurter les blocs de lave et demeurèrent debout, essoufflés tous deux. Puis ils en firent le tour, regardant de larges crevasses formant dessous une sorte de caverne à double issue.