Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/79

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à toutes ses plaisanteries, en homme supérieur, sûr de lui.

Gontran ayant demandé un jour : « Et moi, combien est-ce que je vaux ? » William refusa de répondre ; puis, sur les instances de son beau-frère qui répétait : « Voyons, si je devenais prisonnier des brigands, qu’est-ce que vous donneriez pour me racheter ? » il répondit enfin : « Eh bien !… eh bien !… je ferais un billet, mon cher. » Et son sourire disait tant de choses que l’autre, un peu vexé, n’insista plus.

Andermatt aimait d’ailleurs les bibelots d’art, car il avait l’esprit très fin, les connaissait à merveille, et les collectionnait habilement, avec ce flair de limier qu’il apportait à toutes les transactions commerciales.

Ils étaient arrivés devant une maison d’as pect bourgeois. Gontran l’arrêta et lui dit : « C’est ici. »

Un marteau de fer pendait sur une lourde porte de chêne ; ils frappèrent, et une maigre servante vint ouvrir.

Le banquier demanda :

— Monsieur Oriol ?

La femme dit :

— Entrez.

Ils entrèrent dans une cuisine, une vaste cuisine de ferme où brûlait encore un petit