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Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/81

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— Monsieur Oriol, je viens causer affaires avec vous. Je n’irai pas d’ailleurs par quatre chemins pour m’expliquer. Voici. Vous avez découvert tantôt une source dans votre vigne. L’analyse de cette eau sera faite dans quelques jours. Si elle ne vaut rien, je me retire bien entendu ; si, au contraire, elle donne ce que j’espère, je vous propose d’acheter cette pièce de terre et toutes celles qui l’entourent.

Pensez à ceci. Personne autre que moi ne pourra faire ce que je vous offre là, personne ! L’ancienne Société touche à la faillite, elle n’aura donc pas l’idée de bâtir un nouvel établissement, et l’insuccès de cette entreprise n’encouragera pas de nouvelles tentatives.

Ne me répondez rien aujourd’hui, consultez votre famille. Quand l’analyse sera connue, vous me fixerez votre prix. S’il me va, je dirai oui ; s’il ne me va pas, je dirai non, et je m’en irai. Je ne marchande jamais, moi.

Le paysan, homme d’affaires à sa manière, et fin comme pas un, répondit avec politesse qu’il verrait, qu’il était honoré, qu’il réfléchirait, et il offrit un verre de vin.

Andermatt accepta, et comme le jour baissait, Oriol dit à ses filles qui s’étaient remises à travailler, les yeux baissés sur l’ouvrage :

— Baillez de la lumière, pitiotes.