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Page:Maupassant - Mont-Oriol, Ollendorff, 1905.djvu/363

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mont-oriol

Christiane se souvint soudain des paroles du docteur Black ! Un soubresaut de peur la secoua, et elle gémit :

— Oh non… non… pas elle… pas elle !…

William ne comprit pas et reprit :

— Écoute, je sais bien qu’elle est fort commune ; mais ton frère l’apprécie beaucoup ; elle lui a été très utile ; et puis on prétend que c’est une ancienne sage-femme qu’Honorat a connue près d’une malade. Si elle te déplaît par trop je la congédierai le lendemain. Essayons toujours. Laisse-la venir une fois ou deux.

Elle se taisait, songeant. Un besoin de savoir, de savoir tout, entrait en elle si violent que l’espérance de faire bavarder cette femme elle-même, de lui arracher une à une les paroles qui déchireraient son cœur, lui donnait envie à présent de répondre : « Va… va la chercher tout de suite… tout de suite… Va donc ! »

Et à ce désir irrésistible de savoir s’ajoutait aussi un étrange besoin de souffrir plus fort, de se rouler sur son malheur comme on se roulerait sur des ronces, un besoin mystérieux, maladif, exalté de martyre appelant la douleur.

Alors elle balbutia :

— Oui, je veux bien, amène-moi Mme Honorat.

Puis tout à coup elle sentit qu’elle ne pourrait pas attendre plus longtemps sans être sûre, bien sûre de cette trahison ; et elle demanda à William d’une voix faible comme un souffle :

— Est-ce vrai que M. Brétigny se marie ?

Il répondit tranquillement :

— Oui, c’est vrai. On te l’aurait annoncé plus tôt si on avait pu te parler.

Elle dit encore :