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Page:Maupassant - Mont-Oriol, Ollendorff, 1905.djvu/62

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mont-oriol

en deçà du barrage d’argile qui force les eaux à remonter.

À ce point de vue, la source découverte aujourd’hui est admirablement située à quelques mètres seulement de ce barrage. Si on voulait fonder un nouvel établissement, c’est là qu’il le faudrait placer.

Il y eut un silence quand il cessa de parler.

Andermatt, ravi, dit seulement :

— Ce que c’est ! quand on vous ouvre les coulisses, tout le mystère s’évanouit. Vous êtes un homme précieux, monsieur Aubry-Pasteur.

Seuls, avec lui, le marquis et Paul Brétigny avaient compris. Seul aussi Gontran n’avait rien écouté. Les autres, oreilles et yeux ouverts sur la bouche de l’ingénieur, demeuraient stupides d’étonnement. Les dames Paille surtout, très dévotes, se demandaient si cette explication d’un phénomène ordonné par Dieu et accompli selon ses moyens mystérieux n’avait pas quelque chose d’irréligieux. La mère crut devoir dire : « La Providence est bien surprenante. » Des dames au milieu de la table approuvèrent d’un mouvement de tête, inquiètes aussi d’avoir entendu ces paroles incompréhensibles.

M. Riquier, l’homme couleur brique, déclara :

— Elles peuvent bien venir des volcans ou de la lune, ces eaux d’Enval, voilà dix jours que j’en prends et je n’en ressens encore aucun effet.

M. et Mme Chaufour protestèrent au nom de leur enfant, qui commençait à remuer la jambe droite, ce qui n’était pas arrivé depuis six ans qu’on la soignait.

Riquier répliqua :

Cela prouve que nous n’avons pas la même