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Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/144

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— De quoi parlez-vous donc ? demanda le docteur.

— D’un appartement délicieux que je viens de louer pour ton frère. Une trouvaille, un entresol donnant sur deux rues. Il a deux salons, une galerie vitrée et une petite salle à manger en rotonde, tout à fait coquette pour un garçon.

Pierre pâlit. Une colère lui serrait le cœur.

— Où est-ce situé, cela ? dit-il.

— Boulevard François Ier.

Il n’eut plus de doutes et s’assit, tellement exaspéré qu’il avait envie de crier : « C’est trop fort à la fin ! Il n’y en a donc plus que pour lui ! »

Sa mère, radieuse, parlait toujours :

— Et figure-toi que j’ai eu cela pour deux mille huit cents francs. On en voulait trois mille, mais j’ai obtenu deux cents francs de diminution en faisant un bail de trois, six ou neuf ans. Ton frère sera parfaitement là dedans. Il suffit d’un intérieur élégant pour faire la fortune d’un avocat. Cela attire le client, le séduit, le retient, lui donne du res-