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Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/157

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Il cherchait plus loin, maintenant, dans les temps plus anciens où ses parents habitaient Paris. Mais les visages lui échappaient, ce qui brouillait ses souvenirs. Il s’acharnait surtout à retrouver Maréchal avec des cheveux blonds, châtains ou noirs ? Il ne le pouvait pas, la dernière figure de cet homme, sa figure de vieillard, ayant effacé les autres. Il se rappelait pourtant qu’il était plus mince, qu’il avait la main douce et qu’il apportait souvent des fleurs, très souvent, car son père répétait sans cesse : « Encore des bouquets ! mais c’est de la folie, mon cher, vous vous ruinerez en roses. »

Maréchal répondait : « Laissez donc, cela me fait plaisir. »

Et soudain l’intonation de sa mère, de sa mère qui souriait et disait : « Merci, mon ami, » lui traversa l’esprit, si nette qu’il crut l’entendre. Elle les avait donc prononcés bien souvent, ces trois mots, pour qu’ils se fussent gravés ainsi dans la mémoire de son fils !

Donc Maréchal apportait des fleurs, lui, l’homme riche, le monsieur, le client, à cette