Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/219

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reculait doucement devant le filet. Jean la poussait vers les varechs, sûr de l’y prendre. Quand elle se sentit bloquée, elle glissa d’un brusque élan par-dessus le lanet, traversa la mare et disparut.

La jeune femme qui regardait, toute palpitante, cette chasse, ne put retenir ce cri :

— Oh ! maladroit.

Il fut vexé, et d’un mouvement irréfléchi traîna son filet dans un fond plein d’herbes. En le ramenant à la surface de l’eau, il vit dedans trois grosses salicoques transparentes, cueillies à l’aveuglette dans leur cachette invisible.

Il les présenta, triomphant, à Mme Rosémilly qui n’osait point les prendre, par peur de la pointe aiguë et dentelée dont leur tête fine est armée.

Elle s’y décida pourtant, et pinçant entre deux doigts le bout effilé de leur barbe, elle les mit, l’une après l’autre, dans sa hotte, avec un peu de varech qui les conserverait vivantes. Puis ayant trouvé une flaque d’eau moins creuse, elle y entra, à pas hésitants, un peu